Elisa rêvait d'une année sabbatique pour se mettre vraiment à la peinture, une passion qui la taraudait depuis de longues années déjà mais à laquelle les vicissitudes de la vie quotidienne, deux enfants à nourrir notamment, ne lui permettaient pas de donner libre cours. Son mari et elle gagnaient confortablement leur vie mais sans plus, et les différentes charges du ménage ajoutées aux prêts à rembourser semblaient interdire ce genre de parenthèses dans sa vie professionnelle. Secrétaire de direction le jour, elle retrouvait ses pinceaux tard le soir, une fois les enfants couchés, et passait parfois des nuits entières à jeter avec frénésie sur ses toiles des couleurs qu'elle perdait chaque matin un peu plus au moment de reprendre son travail.
Ayant obtenu de ses responsables un accord de principe et quelques subsides d'un fond patronal de formation, elle contacta alors un organisme spécialisé dans le rachat de credit et se présenta naïvement au rendez-vous avec un porte folio de ses œuvres, essentiellement des portraits, une série de têtes étranges et violemment colorées. Les intermédiaires en opérations bancaires ne sont pas nécessairement des amateurs d'art éclairés, mais celui qui la reçut, loin de penser qu'elle se payait sa tête, fut favorablement impressionné par l'indéniable "patte" qui s'exprimait sur les toiles, par la détermination de la demandeuse et la relative bonne santé de ses comptes. L'endettement était raisonnable. Il donna donc son feu vert à cette débauche de couleurs en proposant un rachat de crédits sur mesure, assorti d'un fond de trésorerie important qui permettrait de voir venir, en attendant, lui dit-il en souriant, "qu'on s'arrache vos têtes chez les commissaires-priseurs".
Grâce à ce réaménagement de crédits opportun, Elisa put enfin se consacrer pleinement à son art, partageant son temps entre une formation aux dernières techniques picturales et de longues heures devant son chevalet à dérouler sa galerie de têtes. Une galerie, justement, commença à s'intéresser à son travail, puis une autre, puis encore une autre. Les ventes s'accumulant, elle fit sans regrets ses adieux à la grisaille de sa vie antérieure pour s'installer un petit atelier plein de couleurs où elle expose maintenant chaque jour ses drôles de têtes. Chapeau !
Ayant obtenu de ses responsables un accord de principe et quelques subsides d'un fond patronal de formation, elle contacta alors un organisme spécialisé dans le rachat de credit et se présenta naïvement au rendez-vous avec un porte folio de ses œuvres, essentiellement des portraits, une série de têtes étranges et violemment colorées. Les intermédiaires en opérations bancaires ne sont pas nécessairement des amateurs d'art éclairés, mais celui qui la reçut, loin de penser qu'elle se payait sa tête, fut favorablement impressionné par l'indéniable "patte" qui s'exprimait sur les toiles, par la détermination de la demandeuse et la relative bonne santé de ses comptes. L'endettement était raisonnable. Il donna donc son feu vert à cette débauche de couleurs en proposant un rachat de crédits sur mesure, assorti d'un fond de trésorerie important qui permettrait de voir venir, en attendant, lui dit-il en souriant, "qu'on s'arrache vos têtes chez les commissaires-priseurs".
Grâce à ce réaménagement de crédits opportun, Elisa put enfin se consacrer pleinement à son art, partageant son temps entre une formation aux dernières techniques picturales et de longues heures devant son chevalet à dérouler sa galerie de têtes. Une galerie, justement, commença à s'intéresser à son travail, puis une autre, puis encore une autre. Les ventes s'accumulant, elle fit sans regrets ses adieux à la grisaille de sa vie antérieure pour s'installer un petit atelier plein de couleurs où elle expose maintenant chaque jour ses drôles de têtes. Chapeau !
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